Comment et dans quel but le roman qui, par définition,
s’inscrit dans la fiction parvient-il à rendre compte à travers
ses propres codes des moments sombres de l’humanité
comme l’expérience des génocides ? En cherchant à répondre
à cette question, cet ouvrage aborde, avec délicatesse et
intelligence, la difficile question de la mise en écriture
d’événements extrêmes qui, loin de banaliser le mal, cherche
plutôt à dérober à l’oubli et au silence des moments terribles
de l’histoire humaine. Cette représentation littéraire de
l’indicible se développe dans un dialogue intime avec des
textes romanesques traitant du génocide des Arméniens, des
Juifs, des Tutsi et des Bosniaques. Et, c’est à travers des
modalités d’énonciation de sujets narratifs et de dénonciation
des attitudes et comportements humains que les procédés
littéraires s’avèrent comme une réponse esthétique, éthique,
philosophique à la lecture de l’Histoire et à l’élaboration des
discours sur l’Histoire. Étant ce lieu privilégié de rencontre
entre singularités et collectivités, l’œuvre romanesque sur
l’expérience des génocides qui se nourrit de sa dimension
testimoniale et testamentaire met en relief notre responsabilité
comme témoin et restitue aux victimes et aussi aux éprouvés
de la tragédie humaine leur humanité et leur dignité.